En Suisse comme dans beaucoup de pays, la poitrine féminine dérange quand elle est dénudée, même à la piscine. Quitte à générer des règlements aussi étranges que les commentaires qui y sont liés.
C’est dans son édition du 16 mai 2025 que l’éditorialiste Catherine Cochard a publié sur le site TdG un article intitulé Cachez ces seins en mouvement qui a généré près de 90 commentaires, positifs ou négatifs, et pas toujours argumentés. Pourquoi ? « Se plonger dans les règlements des piscines romandes consiste en un drôle d’exercice. Duquel on émerge un peu étourdi par tant de lourdeur et de gêne administrative… On applaudit presque à la créativité de certains textes qui, entre formules alambiquées et politiquement correctes, parviennent à rendre une simple formalité – nommer les maillots de bain – en formule arithmétique », écrit-elle. « …Le point qui fâche, et qui concerne plusieurs règlements, c’est l’admission sous condition des seins nus. Dans un certain nombre de piscines municipales romandes, on n’accepte que les poitrines qui ne bougent pas. En position couchée, sur une serviette, mais pas debout et encore moins dans les bassins. Comme si les femmes qui se promènent le torse glabre pouvaient représenter un danger pour la communauté …».
Un texte anodin ? Pas tant que cela. il suffit de lire la majorité des commentaires pour s’en rendre compte. Et comprendre que ce qui se dit en suisse romande pourrait facvilement l’être aussi dans e nombreuses contrées. Florilège.
« C’est pas une question de morale mais de bon goût. Pourquoi faut-il se taper le spectacles d’une flopée de glandes mammaires plus ou bien accrochées quand on va faire trempette ? Viande pour viande, autant alors exhiber le reste aussi y compris les fesses fripées et les zizis flasques ».
« Le corps entier peut avoir une connotation sexuelle. Tout dépend du regard qu’on y pose. Si vous n’arrivez pas à dissocier une poitrine féminine d’une pulsion sexuelle, vous avez un problème ».
« Voir des nichons nus moches est vraiment horrible ».
« Vous avez raison de mentionner les bonobos et les dauphins, mais il faut nuancer : chez les bonobos, les seins ne sont saillants que durant l’allaitement, et chez les dauphins, il n’y a pas de seins visibles du tout, car ce sont des glandes mammaires internes. Cela souligne justement que la proéminence permanente des seins chez l’humain adulte est une particularité unique, probablement influencée par des pressions évolutives liées à la sexualité et à l’attachement.
Mais au-delà de la biologie, il y a clairement un facteur culturel majeur. Dans certaines sociétés, les seins sont érotisés, alors que dans d’autres — comme certaines communautés africaines ou amazoniennes — ils sont considérés comme des organes purement fonctionnels, sans connotation sexuelle particulière. Cela montre bien que la perception des seins est aussi une construction culturelle, qui varie selon les normes sociales, les symbolismes et les valeurs locales.»
« Tout ce qui a trait à la sexualité relève du sacré, qu’on le veuille ou non. Réglementer le sacré sera toujours problématique. Et il ne sert à rien de faire semblant de ne pas voir le problème (comme le fait cet article), car chaque fois qu’on a voulu ignorer la dimension sacrée (qui, ultimement, protège chaque individu), il y a eu un retour de flamme (il n’y a qu’à voir avec MeToo). Il semble assez sage de considérer que la sexualité relève de l’intimité des gens, et d’interdire les seins nus dans les lieux publics, car les seins ont de toute évidence, dans notre société, une connotation sexuelle. La preuve: si une femme pose sa main sur le torse d’un homme, il ne s’est rien passé, alors que si un homme pose sa main sur la poitrine d’une femme, on parlera d’une agression sexuelle. Cela n’est donc pas du tout pareil. Au même titre que les hommes ne sont pas nus, les femmes ne doivent pas l’être non plus. C’est très simple. Après, on pourrait aussi décider que tout le monde a le droit d’être nu. Il faut juste être cohérent. »
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