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Héliopolis, mon amour, (un peu) fini

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Héliopolis, sur l’Ile du Levant, célèbre ses 90 ans en 2022. Venu en 2021 en ce lieu magique, Pfeff en est tombé amoureux et nous dit pourquoi. En un récit en trois fois, commencé dans les N°73 et 74 de Naturisme Magazine, repris ici, et qui se termine en nous invitant à nous y rendre pour les futures célébrations anniversaires officielles.

Par Pfeff

On papote je lui explique ma petite escapade et la visite des petits poissons…

Je lui fais part de mes sensations, celle de partir tôt le matin sans avoir rien à penser, sans la sensation d’oublié quoi que ce soit, de n’avoir rien sur moi, pas même mes précieuses tongs, ce sentiment absolument libératoire, je lui explique combien il m’est difficile de devoir quitter l’île et ses belles couleurs pour retourner dans la grisaille de notre village d’Ardèche, la belle liberté qui règne ici me manque déjà…

Tout en déjeunant, je lui parle d’hier vendredi et de notre balade sur le sentier qui mène au rocher de la galère, de notre perte volontaire dans la forêt des arbousiers où on avait le sentiment d’être seul dans une nature vierge…

Je lui dis les larmes aux yeux que je n’arrive pas à me résoudre à partir…

« Arrête il nous reste une journée on va en profiter… »

Merde c’est vrai, elle à raison, on part dimanche matin et on est que samedi ! même si ce n’est pas grand-chose : 24 heures, je suis heureux de cette nouvelle, tout d’un coup ma tension retombe et une vague fraîche envahit tout mon corps…

Alors oui on va en profiter, ce matin plage : youpi ! on y retourne et tous les deux cette foi, à midi on mange à la pomme d’Adam le premier bâtiment construit par les frères Durville, l’après-midi on refait le tour de tous les petits coins de l’île, et le soir on mange à notre resto préféré, pour être sûr que nous aurons une place à la même table que le premier soir, je cours réserver…

Cette dernière journée a été super sympas, c’est le weekend il y a des familles sur la plage avec des enfants qui jouent, à midi nous avons mangés en tête à tête à la pomme d’Adam, ce restaurant historique que je vois sur toutes les photos anciennes et qui retrace l’histoire incroyable de cette île…

L’après-midi pendant que Sylvie fait la sieste je vais à la piscine de la maison, dès qu’elle se réveille, nous partons faire le tour de l’île, nous rencontrons quelques touristes textiles qui arrivent pour visiter ce lieu en curieux, nous partageons un peu avec eux, sur ce que nous connaissons de l’île…

En fin d’après-midi des thérapeutes naturopathes sont là sur la place d’Héliopolis pour discuter avec ceux que cela intéresse de leurs différentes pratiques, Sylvie se fait masser, moi je regarde les autres praticiens en sirotant un verre…

Et enfin le soir nous retrouvons notre table au restaurant pour assister à notre dernier coucher de soleil sur port Cros… Cette soirée et pour moi inoubliable nous avons beaucoup parlé : il y a eu des moments de rires, des moments plus douloureux, mais nous étions en état de grâce… Putain que ce moment était bien ! …

C’est vrai je l’avoue, j’ai un peu picolé pour avoir l’esprit moins lourds, de penser à demain à ce foutu départ …

On rentre, cette foi on n’a pas oublié la lampe de poche, on s’endormira vite…

Je ne sais pas si c’est ce bon vin blanc ou ce repas trop copieux, toujours est-il que cette dernière nuit sur l’île a été ponctuée de rêves difficiles pour ne pas dire de cauchemars…

Nous arrivions à l’embarcadère du Lavandou, au lieu des navettes classiques, c’est un ferries très luxueux qui attendais pour le départ vers Le Levant, des voitures de sports, des limousines, étaient chargées en soutes tandis que des gens excentriques et ricanant montaient dans les cabines, des mecs en costard et lunettes noires des rombières décorées comme des arbres de Noël, bref le genre people, je me renseigne pour comprendre ce qui se passe, ont m’explique que l’île a été rachetée par un milliardaire et que seul ses connaissances pouvaient embarquer avec une invitation, j’étais blême…

Un autre rêve, encore plus terrifiant : nous arrivions avec la navette des îles d’or, on voyait au loin à l’horizon une épaisse fumée noire, plus on approchait, plus le ciel était chargé, quand nous arrivions tout prêt de l’île, elle venait d’explosée, un volcan sous-marin venait de l’anéantir totalement, nous étions tous terroriser sur le bateau, l’île pulvérisée emportait avec elle son art de vivre et le dernier sanctuaire de liberté naturiste…

Le troisième rêve, nous interdisait tout rapprochement de l’île car une terrifiante épidémie mortelle avait décimé toute sa population, l’île avait été déclaré maudite, des religieux criaient hourra ! la justice divine avait fait son œuvre car c’est le démon qui habitait là-bas puisque l’on y vivait nu…

Après cette nuit terrifiante, qui témoigne de ma peur de ne jamais pouvoir revenir là… Je me réveille avec un énorme mal au crâne…

Voilà c’est le matin on est dimanche…

Il faut nous préparer refermer la valise pour bientôt reprendre le chemin du port pour une dernière fois…

C’est certainement un des moments les plus difficile, il va falloir retourner à cette fausse réalité.

Alors avant ce départ je remplie mes yeux et mon cœur des couleurs lumineuses de l’île : l’indigo, l’outremer, le turquoise de la mer, les tons chauds des roches, la multitude de nuances de vert de la végétation et l’azur parfait du ciel … Je dois retourner user ma vue sur le gris du granit et le vert sombre des forêts d’Ardèche… Cet état d’esprit naturiste n’est même pas envisageable dans notre Ardèche où l’archaïsme des mentalités en interdit même la simple pensée…

C’est la mort dans l’âme que je descends vers le port pour prendre le bateau qui va m’arracher à mon : Dream Time… Je laisse derrière moi ce paradis…

Je descends doucement en trainant ma valise et en ressassant ce manque qui remplit déjà mon cœur… Si

seulement le formatage de mon enfance avait eu moins d’impact sur moi… J’aurais peut-être été capable d’écouter mes envies, mes passions, au lieu d’obéir en bon petit soldat et d’entrer dans les cases …

Aujourd’hui j’avoue qu’il m’est difficile de formater mes enfants, je leur souhaite plutôt de suivre leur propre route et non celle que notre société cherche à leur tracer…

Alors vivre ici reste un rêve, qui peut être se réalisera si la vie nous sourit, nous nous efforçons d’y croire car notre Dream Time est bien là…

J’aimerai que ce petit récit puisse aider mes enfants à réaliser qu’il y a d’autre chemins que ceux tracés par les conventions, qu’il faut faire très attention à tous les pièges qui nous oblige à subir notre vie, plutôt qu’à la construire, le temps passe vite et à mon âge il est déjà trop tard …

Il faut éviter de s’endormir dans la routine, il faut cesser de rêver sa vie, il faut vivre ses rêves …

Pour ne pas réaliser, au crépuscule de sa vie, qu’elle a été bête à pleurer…

Difficile de remettre des vêtements, pour moi se serra le plus tard possible.

Nous descendons au port pour reprendre le Bateau…

D’autre voyageurs nous accompagnent sur le chemin, beaucoup sont déjà habillés…

Derrière, moi une Dame m’interpelle:

« Ça risque de faire désordre sur le bateau?

Je me retourne… Elle m’adresse un joli sourire…

Ha! je vous comprends pour moi aussi c’est dur »

Du coup, je me sens moins seul…

Partir …

Nous voilà sur le bateau, une ambiance nostalgique est palpable parmi les passagers.

La corme retentie, signal du départ, nous avons tous le cœur gros.

Sur le quai, les gens qui ont la chance de rester sur l’île nous disent au revoir et comme le veut la coutume,

ils enlèvent leurs paréos et nous saluent avec, comme s’ils agitaient leurs mouchoirs…

Sur le pont du bateau une jeune femme s’écrie:

 » Aller on se met tous tout nus pour leurs dire au revoir! « 

On s’éloigne de la côte, tout le monde ressent ce sentiment de manque…

Personne ne repart intact de l’île. La mer agit comme un sas qu’il faut franchir, pour retourner dans la soit-disante réalité, mais pour moi la réalité est ici, de l’autre côté rien n’est réel, tout est artificiel et fait de faux bonheurs…

Franchir ce sas de re-compression nous replonge très vite au milieu des cons : Un hors-bord coupe la route de notre vedette, malgré la corne de notre bateau, le chauffard de la mer l’oblige à stopper les moteurs. Le macho en question est fier d’avoir impressionné sa passagère, nous revoilà déjà dans le monde violent des textiles …

Au port du Lavandou le bruit de la circulation, la foule qui grouille nous agressent, on a envie de repartir là-bas où le temps était si doux…

Ce lieu:

N’est pas une destination lointaine, ni exotique…

Pour s’y rendre nul besoin d’avion polluant…

Ce lieu répond à notre idéal de vie…

Il est absolument libérateur pour le corps et l’esprit…

Cette terre:

Correspond en tous points à notre Eden…

Elle rime avec retour à la nature…

Elle rime avec liberté et douceur de vivre…

Elle rime avec Dream Time…

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