jeudi 25 avril 2024
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Héliopolis, mon amour en série

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Héliopolis célèbrera ses 90 ans en 2022. Venu en 2021 sur l’Ile du Levant, Feuf est tombé amoureux de ce lieu magique, et nous dit pourquoi dans Naturisme Magazine, en un récit commencé dans l’édition d’octobre (N°73) et publiée ici. En attendant la fin, prévue dans le N° 75 (mars-avril), voici la seconde partie, parue dans le N°74 (janvier-février).

Par Feuf

C’était fabuleux, nous avons mangé une délicieuse soupe de poissons dans une ambiance naturiste vraiment très agréable, le vin blanc nous avait un peu chauffé les oreilles et pris dans notre plaisir d’être enfin sur cette île tant convoitée, nous avions oubliés notre lampe de poche, pourtant nos hébergeurs nous avaient bien prévenues qu’il n’y a pas d’éclairage publique sur l’île pour préserver la biodiversité et son cycle naturel, et oui c’est aussi et surtout ça le naturisme, nous étions donc dans le noir pour rentrer, nous avons donc suivie une dame à la peau très claire qui reflétais la faible lumière lunaire et qui connaissait bien le chemin à suivre, ce petit moment nous a bien fait rire…

Je continue mon chemin vers le port en détaillant dans ma tête chaque instant vécus pendant la semaine :

Je me rappelle le Mardi, lendemain de notre arrivée où nous cherchions à avoir une vue d’ensemble de l’île, alors nous avons emprunté le chemin du point du jour pour atteindre son sommet…

Là nous avions une vue à 360° sur l’île avec au loin port Cros et plus loin encore le Lavandou à peine perceptible, c’était un moment vraiment agréable, nous avions fait cette ascension en traversant un maquis, puis une petite forêt d’arbousiers et de pins parasols, sous mes pieds le sable onctueux et souple, parfois couvert d’épines de pin, mais les longues épines des pins sylvestre ne piquent pas et sont même des plus douces sous les pieds, les senteurs de thym, de genévrier et des différents pins se mêlaient aux senteurs de la mer sous le soleil matinal, c’était magique, c’est là que nous avons pris cette photo :

L’après-midi de cette même journée nous nous sommes rendues à la plage, la célèbre plage des grottes à laquelle on accède par un chemin minuscule et parfois un peu acrobatique qui longe la falaise et surplombe la mer, offrant à chaque détour un panorama à couper le souffle.

On y découvre des pins tortueux qui accentuent l’harmonie des lieux :

C’est de toutes beautés, je ne peux m’empêcher d’y voir l’incroyable travail de la nature dont s’inspire les maîtres de la culture de bonzaï…

Ce chemin que j’ai emprunté bien des fois, pour me rendre à la mer et me baigner, le matin avant 8 heures, j’avais la plage pour moi tout seul…

Mais pour l’heure je descends le chemin de l’Aygade j’arrive au port, je retrouve le garçon qui discute avec sa maman : la dame qui tient la buvette du port, ils parlent de la rentrée scolaire, le jeune garçon n’a pas l’air satisfait des horaires de navettes maritimes vers le continent…

Ici se trouve une petite maisonnette très propre qui héberge des lavabos et des toilettes, il fait déjà chaud je décide de me rafraîchir, je n’ai besoin de rien il y a de l’eau à ma disposition, je sors tout mouillé, ravigoté, je sécherai vite en reprenant mon chemin, là encore la nudité est tellement appréciable, car tout devient si simple, si j’avais eu des vêtements ce genre de plaisir m’aurai été très difficile, il m’aurait fallu porter un sac pour la serviette et des vêtements de rechanges, faire une gymnastique incroyable dans une cabine exiguë porte close  à l’abri des regards, surtout ne pas être vue ! c’est la crainte qui nous quitte jamais quand on est ailleurs…

Je traverse le port, le règlement maritime demande que l’on mette un paréo pour traverser ses 10 mètres de distance qui sépare le chemin de l’Aygade du chemin vers la plage, ce qui n’est bien sûr que rarement respecté et puis à cette heure il n’y a personne, si ce n’est la dame de la buvette et son fils … Je passe le petit portique de béton et j’entre enfin dans la vraie nature sauvage, dès ce portique franchi, on peut lire ce panneau sur lequel est inscrit, ici la nudité est de règle :

J’emprunte le petit escalier de pierre plate je suis au plus près de la mer mon cœur bat comme à chaque fois que je la retrouve, si belle, si exaltante…

Je monte, je la surplombe, je la longe, je redescends vers elle, le chemin est une vraie œuvre d’art botanique, pleins de circonvolutions en trois dimensions…

Je me régale, je profite au maximum, car c’est la dernière fois que j’emprunte ce merveilleux parcours…

Je ne peux m’empêcher de m’arrêter un peu partout pour voir les roches qui plongent dans le cristal de l’eau, les prairies de posidonies contraste de vert sombre et de turquoise et m’émerveille comme à chaque fois…

Je donnerais très cher pour vivre en permanence ici, dans cette œuvre d’art sans cesse renouvelée…

Enfin après les deux kilomètres de petit chemin me voici à la plage, je m’alonge dans le sable, j’adore cette sensation épidermique, je ne peux m’empêcher de réciter, dans ma tête, ce texte d’André Gide écrit en 1922 dans son livre nourritures terrestres :

 » Je parcours l’île, nu,

piquant du nez dans toutes les criques,

courant parmi les micocouliers et les magnolias,

me roulant dans le sable et je reviens déjeuner

avec des éponges dans les oreilles,

une barbe de varech et des coquillages au cul,

comme un Dieu marin qui s’est colleté avec Amphitrite. « 

Je suis là, si bien sur cette petite plage dans cette île paradisiaque que bientôt je vais devoir quitter…

Alors, je m’approche de l’eau, des sars attirés par mon doigt viennent en curieux, pour moi c’est un petit moment de grâce, de partage entre deux entités de la nature si différente et à la foi si proche…

Je réfléchi à tous cela en marchant dans l’eau où une multitude de petits alevins se précipitent afin de se régaler des microparticules que mes pas soulèvent du sédiment, spectacle réjouissant pour moi aquariophile de toujours…

Mais je dois repartir, car il va falloir nous préparer au départ le bateau n’attendras pas, je reprends le petit chemin vers le port, je suis sans cesse perdu dans mes pensées…

Je me vois vivre ici, invitant parfois mes amis, mais pas les gens de ma famille, car ici on est nu … Quelle horreur pour la plupart d’entre eux ! … Je le déplore, mais chez eux le naturisme est tabou et jamais nous n’en parlons …

Le chemin se déroule sous mes pieds toujours aussi doux et suave, un plaisir qui vas bientôt s’éteindre…

J’arrive au port, un bateau débarque des visiteurs, merde je n’ai pas de paréo, j’attends derrière le portique que cette petite foule se dissipe pour traverser les 10 mètres du port…

Je remonte le chemin de l’Aygade la chaleur est bien là, je me rappelle ce jeudi où en passant au port justement :

Sylvie avait noué à la hâte un petit paréo léger autour de ses hanches puisque le règlement du port le stipule, moi je reste toujours nu car je trouve ça idiot…

Là, une cinquantaine de personnes sont présentent et prête à embarqué pour le continent, elles se tiennent face à la mer, valise à la main, elles sont toutes habillées on se croirait de nouveau chez les textiles…

Une Dame qui attendait elle aussi le bateau l’interpelle, tout en lui retirant son paréo : « Vous permettez Madame ? »

Elle lui explique que ce n’est pas de cette manière qu’on le porte au Levant, la voilà nue au milieu de cette foule textile…

La situation est assez cocasse, Je ne peux m’empêcher de retranscrire la scène dans ma tête et j’imagine la situation au beau milieu de la place d’une grande ville, je voie les badauds stupéfaits, les plus virulents nous couvrent d’injures, la police intervient et nous arrêtent immédiatement, j’imagine la suite : les procédures, le tribunal, peut-être même la prison, etc.

Alors que là : bien entendu, rien… c’est un moment de la vie ordinaire…  Et ça, ça fait du bien, la vraie humanité civilisée est ici et non dans le monde textile des villes, ces villes que nous fuyons comme une maladie mortelle…

Cette petite scène banale est restée dans ma tête comme un moment simple de pur bonheur…

Ouf j’arrive en haut du chemin sur la place d’Héliopolis, je passe vite fait à la boulangerie, prendre deux croissant et une baguette pour notre petit déjeuner…

Je me dirige vers notre studio, Sylvie est là bien réveillée, il est 10 h 30 ont déjeune sur la terrasse pour la dernière foi…

Je suis déjà nostalgique…

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