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Un nu naturel encore censuré

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Le problème n’est pas nouveau, mais a choqué Mathilde Lebarbenchon, qui s’en émeut publiquement. La photographe normande n’a pas apprécié qu’une de ses photos, montrant une femme seins nus, soit censurée par Facebook. Le combat continue.

Photographe professionnelle depuis trois ans, après avoir pratiqué en amatrice pendant plus de quinze ans, Mathilde Lebarbenchon reconnait que ce métier qu’elle découvre « lui demande un énorme travail de communication, afin de gagner en visibilité et de pouvoir vivre de sa passion« . C’est ce qu’elle a expliqué à Claire Martinez, dans un article publié dans la Presse de la Manche, ce mardi 30 août, suite à un important différent avec Facebook. Ce réseau social sur lequel elle comptait s’appuyer l’a récemment censuré, lui suspendant tous ses comptes, pour une simple image d’une femme seins nus.

Il y a quelques mois, elle a débuté un projet nommé Sea reine. « C’est une série de photos qui veut mettre en avant le corps des femmes, et ainsi les aider à porter un autre regard sur celui-ci », explique-t-elle. « Je voulais montrer qu’il existe d’autres corps, avec de la cellulite, des bourrelets, des seins qui tombent, et qu’ils sont tout aussi magnifiques« . Mais Facebook n’aime pas les corps nus, ne veut voir ni sexe ni tétons (Nat’Hebdo en sait quelque chose), et lui a derechef supprimées les photos incriminées sur sa page, puis suspendus ses comptes personnel et professionnel « pour non respect des conditions d’utilisation« .

Impossible pour elle de contacter le service concerné, malgré ses efforts. « Je n’ai aucun moyen de les contacter, le destin de ma page tient à un bouton demandant l’examen de cette suspension. » Pourtant, elle estimait avoir pris toutes ses précautions avant publication.« Même si je trouve que ce n’est pas normal aujourd’hui de flouter des tétons, je l’avais fait en me disant qu’ils pouvaient possiblement heurter la sensibilité de certaines personnes ». Mais flouter ne suffit pas pour Facebook, il faut cacher. Aussi, estime-t-elle, et nous la rejoignons, « il y a une sexualisation de la poitrine féminine… Les seins, ça arrange les gens lorsqu’ils sont utilisés pour vendre des parfums ou des vêtements. Pour l’art, ce n’est pas pareil« .

Suite à cette censure, elle estime avoir tout perdu (contacts clients, noms, photos, textes). « Toute ma vie professionnelle s’est envolée en moins de dix secondes de temps. Et ce sans sommation, sans avertissement. », ne comprenant pas pourquoi un téton fait plus débat que certains commentaires haineux. Elle a donc été obligée de créer un autre compte Facebook, pour tout recommencer, tout en continuant à batailler contre la censure exercée sur les réseaux sociaux. On ne peut que lui souhaiter bon courage, en l’invitant à se rapprocher des très nombreux artistes et notamment photographes régulièrement victimes de cette censure. Tout comme les médias et organisations naturistes…

Un plaidoyer « naturel »

Sur sa nouvelle page, Mathilde a poussé un cri du coeur, qui explique sa colère et son engagement. Extrait : « J’en ai marre que la moitié de la population mondiale ait à se justifier d’être née avec deux appendices ornés de mamelons qui sont EXACTEMENT les mêmes que ceux des hommes, et qu’elle doive les cacher quand ça arrange. La poitrine, le corps des femmes, ça fait vendre. Alors on le montre quand il faut vendre quelque chose, et ça ne choque pas. Par contre, le montrer dans sa plus grande vérité, dans sa plus grande simplicité, ça pose problème. Or, pour moi, c’est important de montrer d’autres modèles que ceux dont on est abreuvées. Parce que le montrer, c’est prouver qu’il existe autre chose, c’est rassurer aussi sur la normalité de son propre corps, que le temps qui fait son oeuvre c’est tout à fait normal et que notre vie de femme ne s’arrête pas après 30 ans. (on en parle du terme « grossesse gériatrique » après 35 ans ?)« .

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