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Deux nu.e.s à la Charité sur Loire

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Au hasard de nos déplacements, il n’est pas rare de découvrir des sculptures représentant des nus artistiques. Telles les deux oeuvres exposées à la Charité sur Loire.

Par Guillaume Lemoine

Le monument aux morts signé Clotaire et Champy et Louis mohler. Photo GL

De passage pour une soirée à la Charité-sur-Loire (Nièvre) le 13 juin 2023,dans le cadre d’un déplacement professionnel, j’en ai profité, comme l’aurait probablement fait n’importe lequel d’entre nous, pour faire une visite de la ville. La vieille ville et son prieuré Notre-Dame de la Charité-sur-Loire (fille ainée d’abbaye de Cluny) avec son cloitre et son église, ses remparts, ses ruelles et son vieux pont qui enjambe la Loire présentent un certain charme. Deux « nu.e.s » peuvent être observé.e.s en ville.

Le premier, le plus original à mon sens, est celui qui orne le monument aux morts. Ce nu est remarquable à plus d’un titre. La présence de personnages nus sur les monuments aux morts est très rare et correspond souvent à une figure allégorique féminine (la Victoire, la Délivrance, …) ou représente un soldat mort au combat. Celui de la Charité est différent. Il représente un soldat nu, armé, casqué et bien vivant ! Il ressemble au dieu grec Hermès (Mercure chez les Romains). Tout aussi surprenant, la forme de son casque ressemble étrangement à celle d’un casque allemand de la Seconde Guerre mondiale, pour en fin de compte donner au soldat en question un air très germanique. Une rapide recherche sur Internet nous donne un début d’explication.

Le monument, inauguré le 11 septembre 1921 est l’œuvre du sculpteur Clotaire Champy (1887-1960) né à Varzy (58) et de l’architecte Louis Mohler (1835-1934) né à Nevers. À l’origine le combattant tenait un poignard de la main droite et serrait le cou d’un aigle de la main gauche, aigle qu’il s’apprêtait à sacrifier ; l’aigle symbolisant l’Allemagne vaincue. En 1940 les troupes d’occupation firent transformer par le sculpteur Descomps dit Cormier le poignard en glaive et l’aigle en bouclier. La bibliographie consultée ne parle pas de la transformation du casque, mais sa forme actuelle (peut-être ancienne) est troublante et participe à la transformation et germanisation du personnage. Ce qui est surprenant est que le monument fut d’une part retouché, chose qui n’est pas dans les uses et coutumes des troupes d’occupation (bien que les monuments de Jumièges, Rambaud ou Saint-Clair-sur-Elle furent eux aussi modifiés ou mutilés) et que, d’autre part, après la Libération, la sculpture ne retrouva pas son aspect d’origine.

Aurore, d’Emmanuel-Jules Descomps (1869-1950) – Photo GL

L’autre nu de la Charité-sur-Loire correspond à une très belle statue présente au pied des remparts de la ville dans le parc Adam, terrasse de l’ancienne propriété Adam cédée à la Ville en 1918. La statue représente Aurore, œuvre Art déco du sculpteur Emmanuel-Jules-Joseph Descomps (1869-1950) qui retoucha le « combattant » du monument aux morts. Joé Descomps (premier nom d’artiste) fut d’abord un orfèvre réputé avec la production de bijoux et objets « Art nouveau » de 1894 à 1914 avant de se consacrer, sous le nom de Cormier, à la sculpture en se spécialisant dans les nus féminins en bronze, en ivoire ou en terre cuite. Il offrit en 1930 à la ville de la Charité-sur-Loire la statue Aurore pour être « la bonne déesse veillant sur la beauté de la ville ». Descomps fit d’autres versions en pierre et en bronze (haute de 70 cm) vers 1925 de la même sculpture.

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