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Des images au plus près de l’œuvre de Rodin

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Jusqu’au 15 avril, le Musée des beaux-arts d’Orléans propose une exposition en hommage à Rodin, autour des photographies d’Emmanuel Berry. 100 ans après la naissance du sculpteur, cet auteur de renommée internationale montre qu’une apparente simplicité peut cacher beaucoup d’émotions.

La simplicité est parfois surprenante, et complexe à décrire, à montrer, à représenter. Au point que, parfois, on trouvera une banalité anodine là où, pourtant, il y a eu un vrai travail d’artiste, une réelle plongée dans un univers unique, pour obtenir le résultat présenté au public. Ainsi en sera-t-il certainement pour quelques-uns de l’exposition présentée au musée des beaux-arts d’Orléans jusqu’au 15 avril, intitulée « Rodin sous l’œil du photographe Emmanuel Berry ». Peu de temps après la célébration du centenaire de la naissance du sculpteur, cette présentation mêlant photographies et travaux de l’artiste s’offre aux regards du public comme un témoignage au plus près de sa pensée et de sa démarche.

« …Le travail d’Emmanuel Berry s’inscrit donc dans une longue histoire et il y a quelque chose de réjouissant à voir que près d’un siècle après la mort du sculpteur, son œuvre demeure un sujet de prédilection, un champ d’expérimentation. Loin des contraintes imposées par l’artiste, et souvent en prenant, sans le savoir, le contre-pied de celui-ci, le photographe renouvelle notre vision sur sa création… », déclare Hélène Pinet, chef du service de la recherche, des archives, de la bibliothèque et de la documentation et responsable scientifique des collections de photographies du musée Rodin, en ouverture de cet évènement.
Ici, pas de recherche expérimentale, pas de créativité débridée autour des œuvres du sculpteur, mais un travail de précision, une recherche technique pour donner en deux dimensions ce que l’artiste à choisi d’offrir en trois dimensions, utilisant pour cela des moyens techniques proches des photographes pictorialistes de l’époque de Rodin. Emmanuel Berry n’aime pas le numérique, préfère l’argentique, travaille avec des moyens simples, et notamment des pellicules Noir et Blanc HP5, de chez Ilford…marque qui lui décerna son prix de l’année en 1994. Tout au long des 70 clichés exposés, il s’attache à retrouver les lignes, les formes, les matières qui inspirèrent Rodin, et firent son succès.
Pour Marie Guillot, dans cette exposition, « …Le choix de Berry parmi les pièces serre au plus près la cuisine affreuse du sculpteur, du dépeçage au rapiéçage. A quelques exceptions près, le photographe ignore le plus rassurant : les statues terminées, les commandes publiques, les portraits de bourgeois. Il fait une place au contraire pour les œuvres plus personnelles ou inachevées, les bouts mal digérés, les morceaux les plus noirs. Ici « Le beau est toujours bizarre », Berry suivant fidèlement la leçon de Baudelaire : « Je dis qu’il contient toujours un peu de bizarrerie, de bizarrerie non voulue, inconsciente, et que c’est cette bizarrerie qui le fait être particulièrement le Beau. ».
Le ton est donné. Il faut savoir aller, comme pour toute œuvre, au-delà du simple visible, pour en comprendre l’essence, la démarche de l’auteur. Ainsi en sera-t-il notamment dans les salles dédiées à Victor Hugo, à Balzac, ou au fameux « penseur ». Là où, explique toujours Marie Guillot, « … La version du Penseur qu’offre Berry est à cet égard étonnante : ce n’est pas la grande forme ramassée que l’on reconnaît entre toutes, mais des contours dissous dans l’huile. Le poids définitif du monument est remplacé par une matière vive saisie dans son état liquide, une flaque de mercure, un écoulement ardent… ».
Emmanuel Berry, natif de Sens, pratique la photographie depuis plus de 25 ans. Ancien élève de Serge Gal, il apprend dans le sud de la France la photographie en grand format, la technique du Zone System ainsi que le laboratoire noir et blanc. En 1992, il rencontre Robert Frank, participe auprès de lui à la réalisation et au montage d’un film court, puis se lie d’amitié avec le photographe Paolo Roversi, devenant son assistant. Il privilégiera ensuite le polaroid, qui sera son seul outil, durant plusieurs années.
Invité pendant un an à Meudon dans les réserves de l’atelier de Rodin, c’est là qu’il a pu réaliser ses œuvres, exposées à Orléans, et composant en partie un ouvrage parallèlement publié aux éditions, en vente au musée. Des œuvres capturées selon un protocole précis, « …sculpture isolée sur fond noir, éclairée par une lumière naturelle pour mettre en valeur les détails inachevés de chacune d’entre-elles ».
Qui se plaindrait ainsi de ressortir de cette exposition avec une impression de manque, de déception en étant venu dans l’espoir d’un travail imaginatif insolite. Il n’est pas donné à tout le monde de pouvoir s’immerger dans l’œuvre d’un grand artiste, 100 ans après, pour en retrouver l’esprit.
L’inachevé n’est-il pas ce qui fait le succès d’une œuvre 100 ans après ? Qui le place en dehors du temps, comme une porte éternelle, entre enfer et paradis (peut-être) vers une multitude d’interprétations, de créations, d’extrapolations, ou simplement, de redécouvertes.

– Musée des beaux-arts d’Orléans – Exposition « Rodin sous l’œil d’Emmanuel Berry ». Conférences : « Les sculpteurs et la photographies de Rodin à Brancusi », par Juliette Lavie, jeudi 15 mars (18h) ; « Le travail des photographes contemporains au musée Rodin », par Hélène Pinet, mardi 10 avril (18h).

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