Description
Il y a des combats temporaires, et d’autres qui se doivent d’être permanents.
Ainsi en est-il des rapports aux corps et aux regards des autres. Par tradition,
le naturisme est exempt de tous jugements sur l’autre et son apparence.
Et peut-être se doit-il aussi de savoir porter à l’extérieur cette raison d’être et de
penser pour compenser les discours parfois haineux et blessants qui fustigent
ceux qui ne correspondent pas à une norme supposée.
Initiée voilà 4 ans par la Fédération française de naturisme, l’exposition contre
le bodyshaming a obtenu un réel succès dans les centres naturistes de la côte
atlantique où elle était présentée cet été. Si elle n’a pas surpris les naturistes
de longue date, pour qui c’était une évidence, elle pouvait préciser nombre de
principes aux néophytes. Il en est tout autrement quand quelques valeureux
administrateurs de régions ou responsables de clubs souhaitent exporter ce
discours, avec affiches à l’appui, dans des lieux « normaux », à proximité de
chez eux, dans leur ville de résidence, etc… Difficile d’engager le débat avec
un public prompt à assimiler une telle conférence sur le sujet à un rapport
« exhibitionniste-voyeur » comme on entend parfois.
Dans la vie quotidienne, réseaux sociaux obligent, le « bashing » des personnes
connues sur leur physique est régulier. En janvier 2025, Maëva Coucke, Miss
France 2018, racontait comment elle était victime de harcèlement sur son
physique depuis le soir de couronnement, traitée de « planche à pain » ou de
« manche à balai». En juillet dernier, c’était l’actrice Jennifer Love Hewitt, 46 ans,
qui était attaquée sur son physique, et invitée à consommer de l’Ozempic pour
perdre du poids.
Ozempic ? Ce traitement anti-obésité fait fureur aux USA, et retourne aussi
parfois les opinions comme pour la chanteuse Lizzo, précédemment militante
pour le respect de la différence et des « rondes » et qui a changé d’avis depuis
qu’elle a perdu 20 kilos. Comment, en ce cas convaincre nos contemporains
d’adopter l’art de vivre naturiste, quand la pression est telle sur le physique, dont
ne sont pas exclus les tatouages et piercing, et même les poils ! Valorisés au nom
du naturel par les pionniers du naturisme, ceux-ci sont désormais pratiquement
absents, car synonymes de laideur, y compris chez nombre de femmes naturistes
de longue date…
Il y a encore du chemin à parcourir pour limiter l’impact des diktats du paraître…
qui changent au fil des modes. Cela méritait bien un dossier sur le sujet, pour
contribuer à vaincre quelques réticences chez ceux qui hésitent à sauter le pas,
et très souvent des femmes.
Jean-Luc Bouland
Responsable de la Rédaction
