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Ce n’est pas du naturisme, mais…
« Comme le naturiste et le nudiste ont le même uniforme, on a du mal à les différencier », plaisante Jean-Loup Chiflet, auteur du Trésor de la langue française, récemment cité par le Figaro. Deux mots qui expriment beaucoup de différences, surtout pour les premiers, mais aussi pour les auteurs de dictionnaires, apparemment. Selon lui, « l’individu qui adopte une telle philosophie mène une vie proche de la nature et se réclame de la nature. » Alors que pour celui qui pratique le nudisme, « La pudeur, il ne la connaît pas, il a même ce côté exhibitionniste qui le rend disponible à tous les regards ». Voilà qui, me semble-t-il, est bien réducteur, et surtout propice à déclencher des polémiques qui ne profitent, en fait, qu’aux détracteurs des deux attitudes.
Soyons réaliste. Pour M. Toutlemonde, effectivement, peu au fait de telles distinctions, uniquement interpellé visuellement par une apparence inhabituelle qu’il n’imagine pas partager un jour, le premier réflexe est de la rejeter, au nom d’une décence ou d’une morale… aux justifications souvent perdues dans la nuit des temps.
L’actualité nous en donne régulièrement des preuves, marquées par des plaintes suivies d’interpellations policières, ou par des lynchages publics particulièrement démesurés sur ce que l’on nomme les réseaux sociaux. Pour contrer cela, il y a encore beaucoup de chemin à faire, surtout en ce qui concerne la nudité des femmes, largement plus sanctionnée que celle des hommes. Comme peut en témoigner l’humoriste Constance, insultée avec outrance fin août pour avoir illustré une chronique radiophonique sur les seins… en dévoilant les siens. Au nom de plus anonymes sanctionnées pour avoir osé donner le sein à leur progéniture en public ! Mi-septembre, les adhérents de l’APNEL, présente à la fête de l’Humanité, et autres membres d’associations naturistes solidaires, ont souhaité mettre l’action, justement, sur les agressions, physiques ou verbales, que subissent les femmes, pour simplement vouloir être elles-mêmes, en adoptant la tenue de leur choix sans avoir à se conformer à une quelconque obligation « protectionniste ».
Rien à voir le naturisme, diront certains, en détournant le regard devant ce qu’ils qualifieront d’exhibitionnisme, à l’instar de leurs détracteurs. Peut-être.
Mais si les naturistes ne s’impliquent pas dans une certaine éducation à la nudité, pour éviter qu’elle ne soit rejetée sans discernement, qui peut mieux le faire ? La question n’est pas nouvelle, certes. Mais la réponse semble de plus en plus urgente à trouver…
Jean-Luc Bouland
Responsable de la rédaction