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Etre « à poil » est plus qu’une expression !

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Le poil revient, et l’épilation féminine s’éloigne. Anecdotique ? Pas tant que çà ! Longtemps plébiscité chez les naturistes au nom du naturel, rejeté depuis les années 80, le poil redevient tendance. Une enquête IFOP réalisée en janvier 2021 le démontre, et prouve que ce n’est pas un sujet si futile que cela ! Etre à poil et s’assumer n’est pas aussi innocent que cela paraît.

Ils n’ont vraiment rien à dire pour parler de poil, s’offusqueront certains ? Chacun a le droit d’être comme il veut, continueront les autres. Certes. Mais ce qui est vrai chez les naturistes aujourd’hui ne le fut pas toujours. Et dans la société, une majorité de femmes subit encore la loi de l’épilation, au nom de l’esthétique. Mercredi 3 février, le premier à le faire, le quotidien Le Parisien a révélé un sondage surprenant (1).

Dans les années 80, Marc-Alain Descamps, philosophe du naturisme, estimait que les femmes pratiquant l’épilation intégrale étaient victimes du complexe de la petite fille ! Plus tôt dans le temps, certains clubs interdisaient l’accès à ces mêmes femmes épilées, considérant que leur sexe ainsi mis en évidence était un appel à l’adultère. Et d’autres affirmaient que tout cela n’était dû qu’à l’influence des films pornos, et de leurs actrices entièrement épilées. Niant, ainsi, un éventuel choix des femmes à s’approprier leur sexualité. Et puis, progressivement, l’épilation corporelle devint la norme, pas seulement pour le pubis, et même chez les hommes. Le « naturel » vanté par les naturistes devint « sale », inesthétique », « animal ». Au nom du « beau », le corps devait être lisse, même si, en même temps, il s’ornait de plus en plus de tatouages, autre pratique initialement bannie par les naturistes. Renversement de tendance, et même tentative de rejet par la société.

Etre ce que l’on est

Depuis quelques années, des femmes ont voulu se rebeller face à ce nouveau diktat de l’apparence, valorisé par les médias, et les fabricants de produits esthétiques. Ainsi en est-il du mouvement Liberté, Pilosité, Sororité, qui, avec exposition photo à l’appui, propose des conférences dans différentes villes de France. Cet été 2020, via les réseaux sociaux, ses animatrices ont même collecté des témoignages émouvants de normalisation forcée dès le plus jeune âge, notamment sur la page Payetonpoil. « Je suis maître nageuse. Je suis donc en short ou maillot pendant mes journées de travail. Pendant plusieurs mois, je me suis prise des réflexions concernant mes poils derrière mes cuisses. C’est la première et dernière fois qu’ils seront épilés« .

Ou bien, plus jeune , « J’ai 14 ans, je m’épilais depuis très jeune car à l’école, j’ai subi du bodyshaming, j’avais clairement des sourcils très épais et gros (maintenant je les épile beaucoup donc ça va). J’ai énormément de poils sur les bras depuis très jeune et des camarades m’ont fait subir du harcèlement. J’en ai parlé à ma mère et elle n’a pas voulu que je m’épile les bras. J’ai pris le rasoir à mon père et je me les suis rasés. Evidemment, ça a repoussé encore plus noir, alors je mettais des pantalons et manches longues l’été, ça m’a fait perdre toute ma confiance en moi. Je suis en 4ème et en parlant avec des amis, elles m’ont énormément aidée et rassurée, j’ai passé les 3 derniers jours de cours avec des manches courtes ! Beaucoup de gens regardaient mes bras, mais je suis fière de moi« .

Un sondage surprenant

« Nous ne raserons ni les murs ni nos chattes » peut-on lire aujourd’hui sur les murs de la capitale de la part de collectifs qui, luttant contre les tabous pesant sur la pilosité féminine, font du retour du poil à la fois un symbole de la libération des corps et un objet de revendication féministe. A l’heure où les mouvements prônant une plus grande acceptation de la pilosité prennent de l’ampleur sur les réseaux sociaux via des comptes comme Le Sens du Poil, Parlons Poils ou Paye ton poil du collectif Liberté, Pilosité Sororité, « la question se pose de savoir si ce discours infuse dans la société dans un contexte « post-confinements » où progressent des pratiques corporelles – comme le « No Poo », le « No Make-up » ou le « No Bra » – exprimant le même besoin de retour au naturel« .

A l’occasion du challenge du Januhairy qui invitait à se laisser pousser les poils tout le mois janvier, le Pôle « Genre, sexualités et santé sexuelle » de l’Ifop a donc mené pour la plateforme de santé sexuelle Charles.co une enquête permettant de mesurer l’évolution des pratiques dépilatoires des Français(es) et leur niveau d’adhésion aux normes et injonctions en matière d’épilation. Réalisée auprès d’un échantillon représentatif de taille conséquente (2 000 personnes), cette enquête « met en exergue un recul sans précédent des pratiques dépilatoires en France mais aussi la persistance des stéréotypes de genre qui associent encore étroitement le glabre à la féminité et la pilosité à la masculinité« .

Ainsi , « La pratique du « No Shave » a doublé en huit ans (28% en 2021 contre 15% en 2013) avec une proportion de Françaises ne s’épilant pas ou plus du tout les poils du maillot qui s’est accrue de manière continue en huit ans. Si les confinements ont sans doute créé des conditions propices à cette tendance (en hausse de 4 points par rapport à une mesure prise avant l’apparition du Covid-19), la crise sanitaire n’a fait qu’accélérer un « retour du poil » déjà perceptible depuis quelques années« .

(1) : Les résultats de ce sondage sont aussi parvenus à la rédaction de Nat’Hebdo le même jour.

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